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Danone-Wahaha -Petites Tromperies Entre Amis

By:   •  July 3, 2014  •  Essay  •  1,950 Words (8 Pages)  •  1,470 Views

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Danone – Wahaha : petites tromperies entre amis

Alliance, bénéfices, abus, tromperie, rupture. Ces mots auraient pu être la trame scénaristique d'un thriller. Cependant, ici, il ne s'agit pas d'une œuvre de fiction mais de la tumultueuse relation entretenue entre Danone et Wahaha dans le cadre de leur alliance sur le marché de la boisson chinoise.

Le prequel

Après plusieurs années d'un partenariat modèle, les relations entre Danone et Wahaha vont se détériorer graduellement jusqu'à mettre fin à leur entente. Afin de mieux cerner les raisons qui ont mené à cette situation, il est important de comprendre les implications qu'avaient les partenaires à l'origine.

Danone est un des leaders mondiaux actuel de l'industrie agroalimentaire. Créé en 1919 autour d'une activité de production de yaourts, l'entreprise a su se développer à travers plusieurs diversifications ainsi que de nombreux partenariats, avec Gervais notamment, et devient la plus importante entreprise du secteur en France en 1973. Dans les années 80, Danone opère un premier développement de ses affaires sur le marché européen, puis dans les années 90, le groupe décide d'agrandir son périmètre d'activités en investissant dans les marchés émergents. En 1996, année de la création de la joint-venture Danone-Wahaha, le groupe français axe principalement ses activités autour des secteurs produits laitiers frais, eaux minérales et biscuits, et réalise 13 % de son chiffre d'affaire dans les pays émergents.

Wahaha, quant à elle, est une société chinoise crée en 1987 par un professeur à la retraite, et se développe principalement autour du marché des nutriments pour enfants. Ces produits rencontrent rapidement un grand succès à travers le pays et l'entreprise s'agrandit considérablement en 1991 avec le rachat de l'entreprise d'Etat Hangzhou Canned Food Factory. La société, alors en parti détenue par l'Etat, dispose désormais des ressources nécessaires lui permettant d'agrandir ses activités au secteur agroalimentaire. Cependant, les échecs successifs de diversification menés entre 1992 et 1994, principalement par manque d'expérience et de savoir faire, amène Wahaha à chercher un partenaire capable de la soutenir dans son effort de développement.

Alliance et prospérité

Les deux entreprises entrent d'abord en contact en 1995 par l'intermédiaire de la Peregrine Investments Holdings. Un an plus tard, le 28 mars 1996, un contrat de co-entreprise est signé entre Wahaha et la société écran Singapourienne Jinjia Investments, regroupant Danone et Peregrine Investments, dans le but d'établir 5 entreprises à capitaux mixte actives dans le secteur des boissons non-alcoolisées et jouissant en commun de la marque Wahaha. La répartition du capital s'effectue de la manière suivante : Danone et Peregrine prennent chacun 25.5% des parts en investissent un total de 70 millions de dollars dans l'affaire alors que Wahaha reçois les 49% restant en apportant le transfert de sa marque à la joint-venture pour un montant évalué à 13,6 millions de dollars. Cependant, le transfert exclusif de la marque n'est pas autorisé par la « Chinese Trademark Authority » à cause de la participation de l'Etat dans l'entreprise chinoise, ce qui n'empêchera tout de même pas la JV d'en faire usage. Afin d'assurer la production, Danone sélectionne quatre des dix filiales que comptait Wahaha à l'époque en les intégrant entièrement à la JV. Les partenaires s'engagent aussi à « ne pas se faire concurrence » et à « ne pas nuire aux intérêts de la joint-venture ».

Cette collaboration représente un investissement intéressant supplémentaire pour le groupe français et par la même occasion lui offre un porte d'entrée sur le marché chinois, alors que Wahaha pourra bénéficier d'un apport technologique (une ligne de production avancée, amélioration des standards, meilleur contrôle de la qualité, etc) et financier ainsi que du savoir-faire de Danone. Il est décidé que la gestion et l'exploitation de la JV sont attribuées à Wahaha, tandis que les deux autres partenaires font office d'investisseurs passifs.

Les affaires de la JV se portent bien et cette dernière arrive rapidement à une situation de sous-capacité de production. Afin de pallier ce manque, Danone refuse un nouvel investissement mais accepte de sous-traiter certaines activités de production de la JV aux entreprises appartenant à Wahaha qui n'avaient pas été intégrées dans le contrat de partenariat. Cette solution s'avère efficace et permet à la JV de lancer avec succès en 1998 son soft drink « Future Cola », concurrençant directement les leaders mondiaux du secteur, Coca Cola et Pepsi. La même année, Danone prend le contrôle majoritaire de la JV (à hauteur de 51%), en rachetant les parts de Peregrine Investments Holdings qui vient de faire faillite et en se gardant de toute discussion avec son partenaire concernant les termes de ce rachat.

En 1999, les partenaires s'accordent enfin sur le problème relatif aux droits de la marque en signant un « Abbreviated Trademark License Agreement », ratifié par la « Chinese Trademark Authority » et permettant l'utilisation légale de la marque au sein de la JV.

Tromperie, perte de confiance et guerre juridique

Le conflit opposant les deux partenaires éclate en avril 2006 par la mise en accusation de Wahaha par Danone de «violation de contrat et de droits», de «développement furtif de sociétés pour concurrencer avec la joint-venture», et d'«abus dans l'utilisation de la marque». En effet, le groupe français accuse son partenaire d'avoir établi depuis 2000 plusieurs entreprises concurrençant directement la JV et d'avoir écoulé de manière unifié sur le marché tous les produits Wahaha, y compris ceux des filiales qui ne dépendent pas de la joint-venture. Ces filiales auraient donc profité de la marque sans l'accord de la JV et aurait aussi participé au dépenses de cette dernière pour la vente des produits. Danone, afin de résoudre le conflit à l'amiable, propose à Wahaha d'acheter 51% des parts des filiales non incluses dans la joint-venture. En décembre 2006, un accord juridique est signé entre les deux sociétés afin de permettre l'achat de Danone de parts dans les filiales pour une somme de 544 millions de dollars. Quelques mois plus tard, Wahaha revient sur sa décision et refuse l'offre de Danone, jugée trop inférieure à la valeur de marché ; 10 jours plus tard, l'entreprise chinoise crée une nouvelle société de ventes, lui permettant de distribuer ses produits de manière autonome.

Dès avril 2007, les médias chinois s'emparent de l'affaire et prennent clairement position en faveur de l'entreprise locale. Cet évènement caractérise bien la perte des liens de confiance entre les deux partenaires et marque un point de non retour dans leurs ententes commerciales.

En réponse aux accusations portées à son égard, Wahaha dénonce, en juin 2007, plusieurs violations du contrat de JV de la part de son partenaire. Selon elle, l'attitude de Danone nuit aux intérêts de la JV en voulant s'accaparer le marché chinois de la boisson par l'acquisition d'entreprises concurrentes. En effet, depuis le début de l'année 2000, la société française a réalisé une vaste campagne d'achat, notamment par la prise de contrôle de l'entreprise Lebaishi, alors numéro deux du secteur derrière Wahaha, et a ainsi mis en péril les affaires de son partenaire.

Finalement, après deux ans de procédures d'arbitrages et de procès divers à travers le monde, la justice donne entièrement raison à Wahaha, surtout sur le point majeur du conflit, à savoir la non appartenance de la marque à la JV. De ce fait et suite à une intervention politique, les anciens partenaires cessent leurs

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